DISCOURS DU PRESIDENT COVIDEBA

A L’OCCASION DE L’INAUGURATION DE L’ECOLE DES PARENTS DE BATACK

Monsieur Le Sous Préfet de l'Arrondissement de Bandja,
Monsieur Le Maire de la Commune rurale de Bandja,
Leurs Majestés Les Chefs Supérieurs,
Honorables Invités,

Permettez que je me joigne à mes prédécesseurs à ce micro pour renouveler les
souhaits de bienvenue aux messagers de paix et surtout du développement que vous
êtes.

Le COVIDEBA dont j'ai l'encore charge, est heureux à plusieurs titres de voir si nombreux
suite à son appel de partager avec la Communauté BATACK ces moments solennels que
seront tout à l'heure la présentation aux autorités administratives de ce bloc scolaire et
la pose de la première pierre de son Centre de santé. L'autre élément aura été il ya
quelques instants l'inauguration de la place du 18 Décembre.
L'ouverture de cette école nous permettra de remettre cette localité dans sa place de
berceau, de porte d'entrée de l'école des blancs et du christianisme dans le Groupement
Babouantou.

C'est en effet à quelques encabrures d'ici, plus précisément au Foyer Batack où la
collation vous sera servie que furent bâtis grâce à la Mission Protestante le premier
temple et la première école avec internat s'il vous plaît du Groupement Babouantou.
Ces infrastuctures qui participèrent vous vous en doutez à la formation morale et
intellectuelle des premiers cadres de notre pays lors de son accession à l'indépendance
furent justement détruites par les tristes événements accoñpagnèrent cette même
indépendance.

Ironie du sort, de pionniers que nous étions, nous sommes aujourd'hui devenus derniers.
En effet, le village fut rasé et les populations contraintes de se déporter au centre du
groupement. Pour diverses raisons qu'il serait long d'énumérer ici et dont le
dénominateur est le mieux vivre, elles y sont restées. Aujourd'hui Batack, la pionnière a
un demi siècle de retard sur les autres villages du Groupement Babouantou.

C'est conscients de cette dure et injuste réalité que des fils et filles de bonne volonté se
sont regroupés au sein du Comité Villageois de Développement de Batack (COVIDEBA)
pour repenser le développement de leur localité. Ils ont surtout, devant la tiédeur des
groupements associatifs de développement, été inspirés par la théorie du
développement durable. Ses théoriciens lui donnent trois dimensions : la sociale, l'économique et l'environnementale.

Le COVIDEBA, aidé en cela par ses sympatisants et amis que vous êtes veut aujourd'hui
remplir les conditions de la dimension sociale (l'école et la santé). Il est convaincu que
l'éducation, la santé sont les premières choses à offrir.
La dimension économique, Dieu et vous voulant, partira de la réalisation d'une véritable
adduction d'eau afin de permettre aux populations de se livrer aux cultures à haut
revenu que sont le piment, les produits maraîchers. Elles pourront, et pourquoi pas,
faire des cultures de contre saison. La qualité de l'eau contribuera à l'amélioration de
la qualité de la vie. Il sera par la suite question de construire un Centre commercial afin
de permettre aux agriculteurs de mettre leur production sur le marché.

S'agissant de la dimension environnementale, il s'agira de veiller au respect des formes
de ces jolies collines alentour que la Suisse a copié, de veiller à ce que ce village où il
fait bon vivre soit toujours loin des problèmes de pollution. Notre souhait est que les
édifices publics (école, place du 18 Décembre, centre de santé) fonctionnent
prioritairement aux énergies renouvelables (l'énergie solaire et pourquoi pas éolienne).
Nous pensons également signer des conventions avec les organismes dont l'action
première est le respect des normes environnementales afin qu'elles nous dotent d'un
cahier de charges en la matière.

Nous sommes aujourd'hui interpelés en tant qu'aînes, en tant qu'élites sur notre rôle
dans la société et plus précisément sur l'indispensable appui que nous devons donner
aux communautés villageoises pour ameliorer leur cadre de vie.

Le devoir nous commande de donner à nos enfants, à nos petits frères les mêmes sinon
des conditions meilleures à celles que nous eûmes pour arriver là où nous sommes
aujourd'hui. Ceux de ma génération, pour ne citer que celle là, ont pratiquement tout
eu soit de la République, soit des oeuvres missionnaires : école quasi-gratuite avec
livres à l'appui, gratuité des soins médicaux, encadrement rationnel, encadrement des
communautés villagéoises .... Qu'avions nous fait de si particulier pour mériter tout
cela? Rien, sinon que d'être nés avant les multiples problèmes qui mettent à mal l'Etat
et les Eglises les empêchant de continuer avec le même élan ce qu'ils commencèrent.
Qu'ont fait les originaires de Batack pour naître sur ces vertes collines placées à 1500 m
d'altitude, pour avoir ce climat que tout le monde apprécie, pour avoir les plus beaux
levers et couchers de soleil de toute la République, pour avoir cet air pur parcequ'ayant
échappé à la pollution? Bref pour vivre dans ce paradis terrestre où coule véritablement
le lait et le miel? Rien de spécial.

Le devoir nous commande à nouveau de mériter tout cela, de rendre grâce à Dieu de
nous avoir comblé de tous ses bienfaits, nous qui ne sommes pas ses seuls enfants. Ce
devoir, nous devons le faire et il est régulièrement corrigé par notre conscience.

L'évènement principal de ce jour est la présentation de ce bloc scolaire qui est le
premier bâtiment d'une série de trois dont une maternelle. Il comporte trois salles de
classes construites aux normes de l'Education Nationale et de l'UNESCO : dimensions,
hauteur sous plafond, couleur des murs et des tableaux; les bancs qui s'y trouvent ont
été confectionnés en respect des standards internationaux; on y trouve également le
bureau du Directeur et son secrétariat. Il a coûté la modeste somme de ..................
L'Ecole qui est entièrement prise en charge par le COVIDEBA a 14 élèves encadrés par
deux maîtres. Alors qu'ailleurs les classes sont surpeuplées et que les élèves ne peuvent
être suivis, à Batack le ratio est de 1/7, bref pratiquement l'école à la Jean Jacques
Rousseau.

Le COVIDEBA a en projet un deuxième bâtiment devant compléter le cycle primaire, ce
dernier aura la particularité d'avoir une salle polyvalente et multimédia dédiée à la
bibliothèque et aux nouvelles technologies de l'information et de la communication
(NTIC). On y trouvera des livres et journaux que se disputeront élèves et parents et dont
une bonne partie portera sur les problèmes environnementaux. Des toilettes sont encore
en travaux derrière le bâtiment qui se dresse devant vous. Une maternelle sera érigée
juste devant vous à droite.

Par la suite suivra sur ce même site dénommé humblement « QUARTIER LATIN », un
centre de formation technique dont la vocation première sera de compléter la
formation livresque et de faire des élèves qui sortiront d'ici des hommes et femmes
complets. Notre souci est en effet qu'ils soient adeptes du principe anglais DIY (DO IT
YOURSELF), qu'ils aient des notions de mécanique, d' électricité, de plomberie etc...
et qu'ils ne soient pas des esclaves du monde moderne que nous parents et aînés
sommes.

Un centre de santé, des aires de jeux collectifs, et une aire de gymnastique
spécialement aménagée où jeunes et vieux pourront s'exercer pour être non seulement
en forme mais éviter les maladies qui vont avec le monde moderne que sont diabète,
obésité, hypertension ... complèteront ce tableau idyllique. Et quand l'Eglise
Evangélique du Cameroun se reveillera et résoudra son problème de terrain, nous
bâtirons un temple.

Tout ceci aura été et sera possible grâce à vous distingués hôtes à qui nous rendons un
hommage appuyé ce jour. Des plaques commémoratives ont été apposées dans les
bureaux afin que la postérité sache qui a exactement fait quoi pour l'aider.
Nous avons le devoir d'en citer quelques uns:

– Monsieur EWECK Raphaël, Préfet du département du Haut Nkam pour la conduite du
dossier dans son ensemble, la suite ne peut aboutir sans lui;

– Monsieur TONOU TCHUENTE, Sous Préfet de Bandja dont Batack est devenu le
deuxième village tant il s'y est déplacé ces onze derniers mois pour les multiples
problèmes que nous lui avons posés, souvent involontairement;

– Sa Majesté KALEUK MONGOUE, Roi des Babouantou qui a pris notre problème à bras le corps et soutenu dans toutes nos actions notamment en donnant le 10 janvier de
cette année le premier coup de pioche de ces travaux;

– La famille MIAFFEU KAMDEU pour avoir donné le site, ses voisins pour avoir appuyé
l'action du COVIDEBA;

– A la MC2 de Babouantou à travers son Conseil d'Administration qui nous a octroyé un
crédit dans ses livres pour nous permettre de faire avancer les travaux;

– A vous tous ici présents qui à peine touchés avez fait d'importants sacrifices pour
appuyer notre action;

– Enfin, à un fils du terroir qui a consenti d'énormes sacrifices pour suivre
personnellement et mener à terme ces travaux à travers son entreprise qui a été mise
gracieusement à contribution. C'est à lui que reviendra la charge de la conduite tout
à l'heure la visite des locaux, j'ai nommé le Directeur de l'E.B.T.P Cameroun
TCHOUAWOU TCHAMDJEU Ruben à qui nous devons en grande partie notre présence
en ces lieux.

– Nous ne pouvons oublier les pionniers du repeuplement de Batack, tous ces qui
rêvèrent avant nous d'y créer des structures de développement. Ceux-ci, plus que
nous furent, pour paraphraser une formule célèbre, toujours combattus, souvents
battus mais jamais abattus. A la mémoire de tous ceux la morts avec ce rêve dont les
aspects visibles sont les routes qui font de Batack le village le plus désenclavé du
Groupement Babouantou et dont un de ces pionniers SO DEUTHA s'en est allé il ya
quelques jours sans assister à cette cérémonie à laquelle il tenait, je vous prie de
vous lever pour observer une minute de silence. Nous sommes convaincus qu'ils
partagent là où ils sont ces grands moments avec nous.

Je terminerai mon propos par un voeu et une prière,
Le voeu, c'est que puisse le drapeau de la République qui flotte pour la première fois sur
un édifice appelé à être public marquer à jamais le redécollage de Batack;
La prière, que Dieu qui vous conduit jusqu'ici, vous octroie la même protection sur le
chemin de retour et qu'il accorde une longue vie pleine de prospérité, un
épanouissement personnel afin que vous soyiez toujours attentifs à nos problèmes.

Vive la Communauté Batack
Vive le Groupement Babouantou,
Vive le Développement et vive le Cameroun.
Je vous remercie pour votre bienveillante attention.